Vous reconnaissez ces fruits ? Exactement, ce sont des cenelles d’aubépine monogyne (Crataegus monogyna) qu’on appelle aussi “épine blanche”. C’est un arbuste indigène très présent dans nos campagnes, souvent en lisière de bois ou dans les haies champêtres. Elle fait partie de ces plantes discrètes mais essentielles à la biodiversité. Son nom vient du grec kratos (force), en référence à la dureté de son bois. Et pour cause : ce petit arbre a traversé les siècles et les traditions, symbole de protection et de renouveau au printemps. En mai, sa floraison blanche éclaire les jardins, et à l’automne, ses fruits rouges forment de magnifiques contrastes. Elle incarne parfaitement ce que l’on recherche dans un jardin écologique : beauté, utilité et harmonie.

L’épine blanche, un arbre qui plaît aux oiseaux

Attendez je dézoom un peu, hop, voilà. Vous reconnaissez cet oiseau ? Non, pas le petit, le gros. C’est une femelle merle.

Et bien le merle noir (Turdus merula) il mange quelques gastéropodes et arthropodes mais ce qu’il adore vraiment ce sont les baies d’aubépine de lierre et de genévrier. Alors c’est vrai qu’on le voit plus souvent entrain de remuer le paillage et tirer des vers de terre. Si ça vous agace, dites vous que s’il y a des merles c’est que votre sol est vivant et vous pouvez vous réjouir.

Les fruits de l’aubépine, appelés cenelles, sont une source de nourriture précieuse pour de nombreuses espèces d’oiseaux à l’automne et en hiver, quand les ressources se raréfient. Ils contribuent à maintenir la faune locale sur place, même pendant les périodes les plus froides. C’est donc une plante idéale pour créer un jardin favorable à la biodiversité ou pour attirer les oiseaux près de chez soi.

Un moineau sur une branche de Crataegus monogyna

Il n’y a pas que le merle qui mange des baies, le rouge-gorge aime ça aussi. Regardez comme cette aubépine regorge de vie. Il y a des moineaux, des mésanges, des chardonnerets élégants qui adorent s’y cacher.

Un arbre comestible et médicinal

C’est un petit arbre coriace et épineux de 6 m à 10 m de haut qui aime les sols caillouteux et pousse au soleil ou à mi-ombre. Il peut vivre jusqu’à 500 ans ! La floraison en mai est spectaculaire. Les fleurs sont parfumées et procurent une grande quantité de pollen et de nectar aux abeilles. Elles sont aussi médicinales, agissant sur le cœur, la nervosité et les problèmes d’insomnie. Et ce n’est pas tout : au printemps, les jeunes feuilles d’aubépine sont tendres et comestibles.

Les multiples fonctions de l’aubépine au jardin naturel

En plus de ça l’aubépine est un bon porte-greffe pour le néflier d’Allemagne (donne des fruits plus gros), le cormier, l’azerolier et aussi le poirier, sous certaines conditions. Ce rôle de porte-greffe rustique illustre bien sa robustesse et sa compatibilité avec d’autres essences fruitières. Dans un verger naturel, elle peut servir à la fois de support, de haie brise-vent et de refuge à insectes auxiliaires. C’est une super-plante indigène qui peut être utilisée en haie défensive ou en haie pour les oiseaux par exemple, en association avec des sorbiers, amélanchiers, sureaux, pour les baies. Et des prunelliers ou du houx qui permettent aux oiseaux de se cacher et se protéger des prédateurs. C’est une plante multifonction, typique de la permaculture, où chaque élément remplit plusieurs fonctions dans l’écosystème.

L’aubépine est un repère pour les oiseaux et les hommes

Autrefois, l’aubépine jouait aussi un rôle d’indicateur saisonnier dans les campagnes. Sa floraison, généralement située entre la fin avril et le mois de mai selon les régions, annonçait la fin des gelées tardives. Quand les haies d’aubépine se couvraient de fleurs blanches, les anciens disaient que l’on pouvait planter le potager sans craindre le gel. Ce repère phénologique, observé depuis des siècles, repose sur une observation fine du rythme de la nature : l’aubépine ne fleurit que lorsque la terre est suffisamment réchauffée et que les températures nocturnes deviennent stables. Même aujourd’hui, cette “horloge naturelle” reste un excellent guide pour les jardiniers attentifs aux signes du vivant.

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