Le principe de succession en agriculture syntropique

En agroforesterie successionnelle, tout est succession. On planifie le système dans l’espace et dans le temps. On peut ainsi avoir une base d’arbres fruitiers hauts, espacés comme dans un verger classique. Ils produiront dans 5-10 ans. Ils sont accompagnés d’arbres pour le bois, utilisables à partir de 5 ans selon le type de bois que l’on souhaite récolter. On peut ajouter des arbustes à petits fruits acceptant l’ombre qui produiront à partir de 2-3 ans. Sans oublier les plantes productrices de biomasse et les engrais verts qui nous rendent vite autonomes en matière organique. Cela peut être complété avec des vivaces comestibles ou des légumes annuels qui tolèrent l’ombre. On taille ensuite régulièrement afin de stimuler la pousse du système mais aussi pour déposer la biomasse au sol et améliorer la fertilité. L’agriculture syntropique demande un travail régulier de taille.

La biomasse déposée au sol agit comme un paillage naturel qui protège la terre des intempéries, limite l’évaporation de l’eau et stimule la vie microbienne. Ce processus clé de l’agriculture syntropique permet de régénérer des sols parfois appauvris ou compactés. C’est aussi une manière d’économiser sur les apports extérieurs d’engrais ou de compost.

L’importance de la lumière dans les systèmes successionnels

L’espace entre les lignes d’arbres sera ombragé à terme, les canopées se rejoignant. Mais au départ, les petits arbres laissent pénétrer le soleil. L’inter-rang peut être utilisé pour cultiver des engrais verts ou des cultures maraîchères, protégées par les jeunes fruitiers.

Dans les premiers stades d’un système syntropique, la lumière est une ressource clé. En exploitant les espaces ouverts, on maximise le rendement des cultures tout en aidant les jeunes arbres à s’établir. À mesure que l’ombrage augmente, la succession naturelle pousse à adapter les cultures en fonction des strates existantes, favorisant les plantes plus tolérantes à l’ombre.

Une approche dynamique pour les cultures de légumes

Notre culture de légumes va suivre le même principe de succession. On associe des plantes avec des cycles et des strates différentes. La strate émergente ne sera pas occupée par un arbre mais par une plante annuelle qui a besoin de lumière tout au long de son cycle. En-dessous, on installera des plantes à cycle court ayant besoin de soleil ou à cycle long qui apprécient l’ombre.

En combinant des légumes de cycles différents, on améliore la productivité et on limite les espaces nus, qui sont souvent des zones propices aux adventices. Par exemple, planter des légumes à cycle court comme les radis ou la laitue entre des plants de tomates ou de tournesol permet d’optimiser l’espace et de récolter régulièrement.

La succession demande une connaissance profonde des plantes

On pourrait donc associer des radis (cycle court, 25 jours), avec des laitues (45-60 jours), des patates douces (100 jours), des tomates (120 jours). Notre système peut accueillir du tournesol (cycle long, 180 jours), qui peut être taillé pour la stimulation. L’objectif est que la planche de culture soit occupée et productive le plus longtemps possible. Les légumes à cycles courts sont récoltés avant que ceux à cycles longs ne se soient développés.

Chaque plante a des besoins spécifiques en lumière, en eau et en nutriments. Pour réussir un système basé sur la succession, il est essentiel de bien observer l’évolution de ses cultures et d’ajuster les associations si nécessaire. Par exemple, certains légumes, comme les légumineuses, enrichissent le sol en azote, ce qui profite aux cultures suivantes.

Succession écologique et succession de culture

Lorsque les arbres font trop d’ombre, on les taille pour faire entrer de la lumière. On peut ainsi continuer à cultiver des légumes, ou choisir de cultiver des vivaces de strate basse sous les fruitiers. Les vivaces, comme la rhubarbe, l’oseille ou certaines aromatiques, jouent un rôle structurant dans le système. Elles stabilisent le sol, nécessitent peu d’entretien et produisent régulièrement sans avoir besoin d’être replantées. Sous les fruitiers, elles créent également un microclimat favorable, tout en limitant la concurrence des adventices.

Basée sur la succession écologique, l’agriculture syntropique permettent de cultiver en harmonie avec la nature, en tirant parti des cycles naturels. Bien qu’elle demande une observation attentive et un travail régulier, cette méthode offre un sol plus fertile, une biodiversité renforcée et des récoltes abondantes sur le long terme. Avec un peu de pratique et de curiosité, chaque jardinier peut expérimenter cette approche dans son aménagements paysagers.

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